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« aucune destinée n’est manifeste »

Bonjour ! Aujourd’hui, je vous propose un roman complexe et puissant, paru aux éditions mu fin janvier.

Aucune terre n’est promise, Lavie Tidhar

Lior Tirosh est un écrivain sans grand succès qui a fait sa vie à Berlin. Il décide de retourner dans sa patrie d’origine, la Palestina, pour fuir tous ses échecs. En arrivant à Ararat City, il pensait retrouver la douceur de sa jeunesse. Pourtant, rien n’est plus comme avant. Dès son arrivée, il est suivi, un grand mur se construit autour de la ville et sa nièce, Déborah, a disparu on ne sait trop où. Traqué et soupçonnée de meurtre, Lior est entraîné malgré lui dans les dédales d’une histoire qu’il contribue pourtant à écrire. Malheureusement pour lui, il n’a pas conscience de la complexité de ce qui se joue autour de lui.

« Se rendent-ils compte de la chance qu’ils ont, dans ce monde, que l’expédition ait rendu un rapport positif, que la grande migration juive en Afrique se soit déroulée pendant les premières décennies du XXème siècle ? Dans ce monde, il y avait toujours un Hitler, mais la Solution finale n’avait pas eu lieu.

Tu te demandes comment sont les Juifs quand ils ne sont pas définis par le grand holocauste qui les a façonnés, sans les survivants qui ont fait d’eux des créatures de pouvoir et de culpabilité : sûrement plus détendus, mieux dans leur peau, peut-être; ou alors simplement une nation parmi les autres, avec la même tendance à s’affirmer, à régner en leur royaume. Tu penses au mur qu’ils sont toujours en train de construire, aux Déplacés, et te souviens de la leçon apprise durement lors de tes missions pour l’Agence frontalière : quoi que l’on fasse, l’Histoire humaine a toujours tendance à se répéter ».

Roman complexe – et c’est peu dire ! – qui ouvre sur des mondes parallèles d’un réalisme incroyable, Aucune terre n’est promise met en lumière non seulement les enjeux géopolitiques d’Israël mais interroge également sur l’identité de chacun, qui semble unique mais qui se révèle toujours multiple. Il offre également une réflexion sur le rôle des frontières, aussi physiques qu’imaginaires. Voilà un récit d’un intelligence rare, qui pousse à réfléchir sur la possibilité d’alternatives au monde tel que ne pensons le connaître. Alors je ne vais pas vous mentir, il faut s’accrocher parce que l’intrigue n’est pas toujours facile à suivre, mais quel bonheur ! J’ai presque pensé à du Paul Auster dans les questions d’identité et l’esprit labyrinthique. Coup de cœur !

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Cold case

Je poursuis dans ma série polar avec une autre nouveauté parue au Seuil.

Que la bête s’échappe, Jesse et Jonathan Kellerman

130609_couverture_hres_0Jacob Lev, inspecteur à Los Angeles, se remet difficilement d’une enquête qui l’a traumatisé. Afin de calmer ses angoisses, il s’adonne à la boisson dans l’entrepôt désaffecté où l’ont cantonné les agents des Projets Spéciaux. L’homme, au bout du rouleau, passe donc ses journées à archiver de vieilles affaires non résolues. Ce n’est pas a priori le genre de travail susceptible de lui redonner le moral. Toutefois, alors qu’il effectue son travail de classification, il tombe sur le dossier du meurtre non résolu d’une femme et de son fils. Une affaire parmi d’autres pensez-vous ? Non. Car le double crime a été mis en scène. Et en effectuant des recherches pour tenter de faire la lumière sur cette horreur, il apprend qu’un cas similaire vient d’être rencontré à Paris dans le bois de Boulogne. Sans attendre, il décide de se rendre dans la capitale française afin d’élucider l’énigme. Flanqué d’un membre des Projets Spéciaux qui l’accompagne dans l’espoir de mettre la main sur la mystérieuse Mai, incarnation contemporaine du Golem, Jacob va devoir jouer de finesse afin d’obtenir des informations de ses homologues français.

Contre toute attente, cette enquête va le conduire sur la piste du passé de sa mère, placée en institution depuis de nombreuses années pour une démence survenue à la suite d’un voyage en Tchécoslovaquie au début des années 80. Lev va se retrouver confronter à une histoire familiale très obscure en lien avec ses origines juives et et d’horribles expériences réalisées dans l’ancien bloc de l’Est.

Même si j’ai mis un peu de temps à terminer ma lecture, j’ai réellement été bluffée par ce polar mêlant fantastique et histoire. Le personnage principal – archétype du flic à la dérive de prime abord – est particulièrement bien dessiné avec tout le travail réalisé sur son ascendance. Si je n’ai pas lu le premier roman de cette série – Le Golem d’Hollywood, je n’ai pas du tout été déstabilisée par les références qui y sont faites car les auteurs se sont débrouillés pour évoquer l’intrigue précédente de manière discrète afin que ceux qui avaient lu le premier thriller n’aient pas l’impression d’une redite et que les nouveaux lecteurs pénètrent facilement dans l’intrigue. J’ai apprécié le petit côté fantastique, extrêmement léger qui confère à ce roman une atmosphère paranormale délicate. J’ai surtout aimé que l’emploi du fantastique ne vienne pas combler un manque au niveau de l’intrigue. Intrigue très bien menée au demeurant, mêlant la reprise de l’enquête par Jacob, ses problèmes familiaux et professionnels et surtout l’histoire de sa mère lorsqu’elle était jeune, ce qui nous permettra de comprendre la raison pour laquelle son état de santé a été très tôt fragilisé. Outre les multiples énigmes à résoudre, Jesse et Jonathan Kellerman nous offre un voyage allant de Los Angeles à Paris en passant par Israël et Prague. Les amateurs de voyages ne bouderont pas leur plaisir ! Si vous avez envie d’un bon polar pour accompagner vos soirée d’hiver, n’hésitez pas !

Je remercie Anne de l’agence Anne et Arnaud pour m’avoir fait découvrir ces auteurs.