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Cold case

Je poursuis dans ma série polar avec une autre nouveauté parue au Seuil.

Que la bête s’échappe, Jesse et Jonathan Kellerman

130609_couverture_hres_0Jacob Lev, inspecteur à Los Angeles, se remet difficilement d’une enquête qui l’a traumatisé. Afin de calmer ses angoisses, il s’adonne à la boisson dans l’entrepôt désaffecté où l’ont cantonné les agents des Projets Spéciaux. L’homme, au bout du rouleau, passe donc ses journées à archiver de vieilles affaires non résolues. Ce n’est pas a priori le genre de travail susceptible de lui redonner le moral. Toutefois, alors qu’il effectue son travail de classification, il tombe sur le dossier du meurtre non résolu d’une femme et de son fils. Une affaire parmi d’autres pensez-vous ? Non. Car le double crime a été mis en scène. Et en effectuant des recherches pour tenter de faire la lumière sur cette horreur, il apprend qu’un cas similaire vient d’être rencontré à Paris dans le bois de Boulogne. Sans attendre, il décide de se rendre dans la capitale française afin d’élucider l’énigme. Flanqué d’un membre des Projets Spéciaux qui l’accompagne dans l’espoir de mettre la main sur la mystérieuse Mai, incarnation contemporaine du Golem, Jacob va devoir jouer de finesse afin d’obtenir des informations de ses homologues français.

Contre toute attente, cette enquête va le conduire sur la piste du passé de sa mère, placée en institution depuis de nombreuses années pour une démence survenue à la suite d’un voyage en Tchécoslovaquie au début des années 80. Lev va se retrouver confronter à une histoire familiale très obscure en lien avec ses origines juives et et d’horribles expériences réalisées dans l’ancien bloc de l’Est.

Même si j’ai mis un peu de temps à terminer ma lecture, j’ai réellement été bluffée par ce polar mêlant fantastique et histoire. Le personnage principal – archétype du flic à la dérive de prime abord – est particulièrement bien dessiné avec tout le travail réalisé sur son ascendance. Si je n’ai pas lu le premier roman de cette série – Le Golem d’Hollywood, je n’ai pas du tout été déstabilisée par les références qui y sont faites car les auteurs se sont débrouillés pour évoquer l’intrigue précédente de manière discrète afin que ceux qui avaient lu le premier thriller n’aient pas l’impression d’une redite et que les nouveaux lecteurs pénètrent facilement dans l’intrigue. J’ai apprécié le petit côté fantastique, extrêmement léger qui confère à ce roman une atmosphère paranormale délicate. J’ai surtout aimé que l’emploi du fantastique ne vienne pas combler un manque au niveau de l’intrigue. Intrigue très bien menée au demeurant, mêlant la reprise de l’enquête par Jacob, ses problèmes familiaux et professionnels et surtout l’histoire de sa mère lorsqu’elle était jeune, ce qui nous permettra de comprendre la raison pour laquelle son état de santé a été très tôt fragilisé. Outre les multiples énigmes à résoudre, Jesse et Jonathan Kellerman nous offre un voyage allant de Los Angeles à Paris en passant par Israël et Prague. Les amateurs de voyages ne bouderont pas leur plaisir ! Si vous avez envie d’un bon polar pour accompagner vos soirée d’hiver, n’hésitez pas !

Je remercie Anne de l’agence Anne et Arnaud pour m’avoir fait découvrir ces auteurs.

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Un monde parfait ?

Je reviens avec de la littérature jeunesse et une nouveauté de chez Syros.

Les effets du hasard, Marie Leymarie

9782748520941Dans un futur qui nous semble proche, Maïa, une adolescente de 15 ans, aux yeux noisette, aux cheveux châtains et au QI de 117, tombe sous le charme d’Anthony, un magnifique jeune homme qui lui semble trop intelligent pour s’intéresser à elle. Mais bientôt, leurs sentiments prennent le dessus, malgré les avertissements des adultes qui ne cessent de répéter à Maïa que l’amour est une maladie dangereuse qu’il faut soigner au plus vite avec quelques comprimés de Deluvio 300.

Dans le même temps, les parents de Maïa veulent s’offrir un nouvel enfant. Un garçon plus beau et plus intelligent qu’elle. La jeune fille, jalouse de ce futur frère qui risque d’attirer davantage l’attention de ses parents, commence à se rebeller contre eux et à s’interroger sur ses origines et la façon dont sont créés les humains.

Grâce à des références à notre quotidien, Maire Lemeyrie, plonge le lecteur dans une société futuriste mais qui pourrait être la nôtre. Dans ce monde aseptisé, où les risques sont minimisés au possible, les enfants ne sont plus directement conçus par un couple d’adultes qui s’aiment mais sont commandés sur catalogue et dispose chacun d’un prix selon leur beauté ou leurs capacités intellectuelles. Ce roman jeunesse n’est pas sans nous rappeler Le meilleur des mondes qu’Aldous Huxley avait imaginé en 1932 ou le plus récent film Bienvenue à Gattaca qui évoquent également des sociétés dans lesquelles les bébés sont produits à la chaîne et sur-mesure.

L’auteur, grâce à une écriture dynamique, offre ainsi aux adolescents la possibilité d’accéder facilement aux questions éthiques que posent les deux œuvres de science-fiction citées ci-dessus. Ils pourront en effet réfléchir à la notion de société utopiste, hyper-contrôlée, dans laquelle tout risque et toute surprise sont abolis mais qui ignore au final la liberté individuelle. L’héroïne, à laquelle ils pourront s’identifier aisément, leur permettra aussi de se rendre compte qu’ils ne sont pas les seuls à se poser des questions du type : « Mes parents m’aiment-ils malgré mes défauts ? Une vie sans amour, sans exprimer ses sentiments vaut-elle la peine d’être vécue ? »

Pour conclure, ce roman qui allie anticipation et questionnement sur l’identité et les sentiments ravira aussi bien les amateurs de science-fiction que ceux qui aiment les histoires d’amour. Mais loin d’être un roman à l’eau de rose, on les jeunes lecteurs découvriront que le sentiments amoureux est synonyme de risque car il entraîne bien souvent la déception. Mais encore une fois, une vie sans risque et sans émotion est-elle vraiment enviable ?

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Retour vers le futur

Pour cette première chronique de l’année 2016, je tiens à remercier les éditions Syros pour leur confiance. J’ai en effet eu la chance de recevoir un exemplaire des épreuves non corrigées de ce livre qui paraîtra le 7 janvier. Une jolie façon de commencer l’année. Je vous souhaite d’ailleurs tous mes vœux de bonheur et de belles aventures livresques.

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous, Nathalie Stragier

1507-1Andréa, 16 ans, est une lycéenne de 2019 comme les autres, qui rêve de liberté, si ce n’est qu’elle est uniquement entourée d’hommes depuis la disparition de sa mère. Elle vit avec son père flic et ses deux frères, Pierrick l’aîné et Tiago le cadet. Son seul véritable ami est Mathias, avec lequel elle envisage de découvrir l’Europe de l’est l’été prochain. Evidemment, son père refuse de lui accorder la permission sous prétexte qu’elle est trop jeune et que ce périple est trop dangereux pour une fille.

Un matin, alors qu’elle se rend au lycée, en retard, comme d’habitude, Andréa remarque un groupe de filles pour le moins étranges. Elles sont toutes très grandes, habillées bizarrement et très laides. Alors qu’elle cherche à percer le mystère de ces géantes, le groupe disparaît mystérieusement. Une seule d’entre elles est restée proche de la grille du lycée et semble complètement paniquée. Elle se nomme Pénélope et alors qu’Andréa tente d’entamer la conversation et de l’aider, la jeune inconnue décline son offre et surtout refuse de quitter l’endroit où elle se trouve, persuadée que ses amies vont revenir la chercher…

Par la force des choses, Andréa va décider de ramener Pénélope chez elle pour l’aider. Mais cela pourrait bien être la pire décision de sa vie tant l’inconnue est envahissante et maladroite. Bientôt cependant, Andréa apprendra que la demoiselle vient du futur et qu’elle est terrifiée par ce qu’elle nomme le Moyen-âge tardif. Pour elle, en effet, 2019 est une époque barbare, très dangereuse, de laquelle elle doit partir le plus vite possible. Andréa aimerait en apprendre davantage sur le futur mais Pénélope refuse de lui dévoiler quoi que ce soit de crainte de bouleverser l’ordre établi. Elle détient en particulier un secret qu’elle ne doit révéler sous aucun prétexte.

Pour un premier roman, Nathalie Stragier signe une comédie d’aventure délirante. Les événements s’enchaînent à toute vitesse et le lecteur est porté dans l’intrigue par un suspens sans cesse renouvelé. L’auteure use à fond du ressort comique du quiproquo, les proches d’Andréa étant persuadés que Pénélope est une réfugiée politique, et c’est le sourire aux lèvres qu’on progresse dans le livre. Les temps-morts n’existent pas, l’intrigue étant soutenue par une course contre la montre exaltante lorsque, mise au courant du terrible secret, Andréa comprendra que Pénélope détient le pouvoir de changer le sort de l’humanité. Mais ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant, c’est le regard extérieur porté par cette fille du futur sur notre civilisation : la mixité, le fait de manger de la viande, de s’habiller de la même façon, l’épilation des femmes et non des hommes… évidemment, ce regard est porteur de préjugés que seule l’expérience pourra démentir mais il permet également de nous faire réfléchir de manière humoristique sur nos habitudes. Ce n’est pas sans rappeler Les Lettres persanes de Montesquieu, roman épistolaire rassemblant la correspondance fictive entre des voyageurs persans en France et leurs amis restés en Perse. Une façon déguisée de critiquer la société française du 18ème siècle sans risquer la censure. De la même façon, la vision du futur qu’il nous est permis d’entrevoir par le biais de Pénélope n’est peut-être pas aussi idéal qu’il n’y paraît.

Ce roman humoristique, qui mêle à la fois science-fiction et suspens digne d’un thriller, permettra aux ados de réfléchir sur le monde qui nous entoure, sur l’acceptation de la différence et sur bien d’autres thèmes très sérieux à la fois éthiques et philosophiques tout en passant un excellent moment de détente. Une bonne manière de commencer 2016.