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Les pépés flingueurs

Bonjour ! Je reviens avec de la littérature adulte. Je n’ai malheureusement plus beaucoup de temps ni pour lire ni pour rédiger des chroniques en bonne et due forme. Par conséquent, je ne partagerai ici plus que les lectures pour lesquelles j’ai un véritable coup de cœur. C’est le cas pour le roman dont je vais vous parler aujourd’hui. J’en profite pour remercier chaleureusement l’amie qui me l’a offert avec une dédicace de l’auteur. Il est paru aux éditions Ramsay.

Commedia nostra, Sylvain Gillet

Antoine Aria, tragédien en fin de carrière, en est réduit à se transformer en carotte géante pour boucler ses fins de mois. C’en est trop, il lui reste encore trop d’estime de lui-même pour accepter une fois de plus de se faire ridiculiser de la sorte. Par chance, son agent, Max Malakian, lui propose enfin un rôle à sa hauteur. Il devra jouer un vieux mafieux. Niveau cachet, ce sera le jackpot. Impossible pour notre comédien de refuser, même si le contrat sort de l’ordinaire car il s’agira de jouer une seule fois, en direct.

Notre anti-héros devra donc interpréter le rôle de Pepe di Marzio sensé se réconcilier avec son petit frère Maurizio avec qui il n’a plus de contact depuis cinquante ans suite à une affaire de vol de bijoux et de femme afin de récupérer le pactole confié par leur Mama au monastère du coin. Le premier est parti s’offrir une respectabilité en France tandis que le second s’est exilé en Amérique. Seulement voilà, Pepe est mort avant la réconciliation et son fils, François de Maziol, ne compte pas passer à côté du trésor. Voilà pourquoi il embauche Antoine, le portrait craché de son père, pour qu’il joue le rôle du vieux.

J’ai adoré de la première à la dernière ligne ce roman rédigé dans un style à la Audiard, avec moult jeux de mots, références sociétales et pop culturelles et interventions du narrateur. Alors certes, il faut aimer l’humour parfois graveleux, mais franchement, voilà un polar comique qui fait du bien et qui change de ce qu’on a l’habitude de lire. L’auteur, comédien, réalisateur et scénariste connaît parfaitement son sujet et se joue de tous les clichés du milieu – agent au trois-quarts véreux, comédiens gauchistes sans le sou. Tout cela assaisonné de sauce mafieuse. Un régal ! Une scène est particulièrement digne des Tontons flingueurs, les silencieux en moins. Si les les trois protagonistes – Antoine Aria alias Pepe, Max Malakian – l’agent pourri -, et Clarence Charvel, comédien dans la même agence qu’Antoine, son ennemi de toujours – sont vraiment à se tordre, tous les personnages sont très bien travaillés et même les plus sérieux finissent par devenir comique. Mention spéciale pour Miguel, alias Dernière Image, l’homme de main du regretté Pepe. Bref, si vous voulez passer un bon moment, n’hésitez pas ! Par contre, premier degré s’abstenir !

« Pepe et Maurizio di Marzio quittent le soleil emmerdeur d’une petite allée pour l’ombre d’un bosquet. L’endroit devrait être plus propice à explications que le chemin trop exposé. C’est que les deux comédiens viennent de se faire rejoindre par leur agent. Celui-ci a fait le tour du bâtiment à la vitesse grand V, la rapidité grand R et même la célérité grand C. Ils ont des éclaircissements à lui demander. Quantité d’éclaircissements. Et la demande pourrait se faire avec une générosité de mouvements et des intempestivités physiques que seules des origines italiennes ne pourraient expliquer. D’ailleurs, les intempestivités ne tardent pas à apparaître. Dès son arrivée, Malakian est saisi par le col. Antoine est à deux doigts de le corriger, avec l’approbation participative de son collègue Clarence »

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