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La croisière ça use

Bonjour à tous ! Je reprends le blog pour une toute dernière chronique côté adultes. Je continuerai à partager mes lectures de façon plus ponctuelle sur Instagram (@le_petit_monde_de_naurile) car je n’ai clairement plus le temps de rédiger de longs articles. Mais j’avais promis à cet auteur qui m’avait fait la gentillesse de m’envoyer son dernier opus d’écrire un petit mot ici alors comme je suis une fille qui tient ses promesses et comme l’idée de savoir qu’un écrivain va se balader à poil dans les rues de Montargis une fois cet article en ligne m’amuse, voilà, je m’exécute. Je suis très heureuse de vous présenter ce rocambolesque roman noir paru en octobre dernier aux éditions Ramsay. Pour info, j’avais déjà encensé Commedia Nostra du même auteur ici.

Venenum, Sylvain Gillet

Abel Diaz et ses acolytes jazzmen embarquent pour une croisière rémunérée afin de divertir des vendeurs médicaux en séminaire de motivation. Pas la consécration pour nos musicos mais une façon comme une autre de se remplir un peu les poches. La transatlantique aurait pu se dérouler de façon pas trop désagréable pour le groupe mais c’était sans compter la mort soudaine d’Orville Montgomery, un des compagnons d’Abel. Ce dernier, accompagné de sa fidèle Linda, une guitare à la langue bien pendue, certain que son ami n’est pas mort naturellement, décide de mener l’enquête. En France, le commissaire Amadeo mène l’enquête sur une série de meurtres de prostituées du côté de Bourges. Quel est le rapport ? Ben faudra lire le bouquin les cocos !

« L’œil ultra-perfectionné d’Abel Diaz lui permet d’estimer la proportion féminine des VM à soixante-deux pour cent. Peut-être soixante-trois, faut voir. La moyenne d’âge des médecins visités n’étant pas des plus basses, celle des VM correspond. Inutile de mettre en face du jeunot à la crédibilité vacillante. La plupart dépasse donc la quarantaine. Et cette même plupart, qu’elle soit féminine ou masculine, est dotée d’un physique plutôt avenant. Logique. On n’est pas des représentants, mais on représente quand même. On ne va pas imposer des Quasimodo à des médecins qui n’ont rien demandé. / D’un point de vue global et surtout diazesque, la fesse est donc jugée ferme. Du beau physique pour émoustiller monsieur le Docteur et des dents blanches pour rire à ses blagues. La petite population commerciale envahit bientôt les couloirs du navire. Bien qu’habitués à être choyés lors des séminaires, les VM gentlemen ou women – libre à chacun d’inclusiver comme il l’entend – sont impressionnés par le luxe de l’embarcation. »

Plus qu’heureuse de retrouver le style bien à lui de Sylvain Gillet que j’avais découvert il y a quelques mois avec Commedia nostra. J’étais d’ailleurs contente de retrouver certains protagonistes en personnages secondaires ici. De l’humour en veux-tu en voilà, de la satire, du graveleux assumé mais surtout une incroyable richesse stylistique et culturelle. Côté intrigue, c’est extrêmement bien pensé. L’auteur parvient à réunir tous les fils avec brio et à maintenir le suspens jusqu’à la fin. On ne s’ennuie pas une seconde ! Franchement, ça mériterait d’être adapté au cinéma, ça me fait tellement penser à du Audiard ! Un très gros coup de cœur pour cette histoire de vengeances assez capillotractée. Si vous voulez passer un bon moment de lecture à la fois drôle et intelligent, n’hésitez pas ! (promis, l’auteur ne m’a pas payée pour dire ça !)

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Les pépés flingueurs

Bonjour ! Je reviens avec de la littérature adulte. Je n’ai malheureusement plus beaucoup de temps ni pour lire ni pour rédiger des chroniques en bonne et due forme. Par conséquent, je ne partagerai ici plus que les lectures pour lesquelles j’ai un véritable coup de cœur. C’est le cas pour le roman dont je vais vous parler aujourd’hui. J’en profite pour remercier chaleureusement l’amie qui me l’a offert avec une dédicace de l’auteur. Il est paru aux éditions Ramsay.

Commedia nostra, Sylvain Gillet

Antoine Aria, tragédien en fin de carrière, en est réduit à se transformer en carotte géante pour boucler ses fins de mois. C’en est trop, il lui reste encore trop d’estime de lui-même pour accepter une fois de plus de se faire ridiculiser de la sorte. Par chance, son agent, Max Malakian, lui propose enfin un rôle à sa hauteur. Il devra jouer un vieux mafieux. Niveau cachet, ce sera le jackpot. Impossible pour notre comédien de refuser, même si le contrat sort de l’ordinaire car il s’agira de jouer une seule fois, en direct.

Notre anti-héros devra donc interpréter le rôle de Pepe di Marzio sensé se réconcilier avec son petit frère Maurizio avec qui il n’a plus de contact depuis cinquante ans suite à une affaire de vol de bijoux et de femme afin de récupérer le pactole confié par leur Mama au monastère du coin. Le premier est parti s’offrir une respectabilité en France tandis que le second s’est exilé en Amérique. Seulement voilà, Pepe est mort avant la réconciliation et son fils, François de Maziol, ne compte pas passer à côté du trésor. Voilà pourquoi il embauche Antoine, le portrait craché de son père, pour qu’il joue le rôle du vieux.

J’ai adoré de la première à la dernière ligne ce roman rédigé dans un style à la Audiard, avec moult jeux de mots, références sociétales et pop culturelles et interventions du narrateur. Alors certes, il faut aimer l’humour parfois graveleux, mais franchement, voilà un polar comique qui fait du bien et qui change de ce qu’on a l’habitude de lire. L’auteur, comédien, réalisateur et scénariste connaît parfaitement son sujet et se joue de tous les clichés du milieu – agent au trois-quarts véreux, comédiens gauchistes sans le sou. Tout cela assaisonné de sauce mafieuse. Un régal ! Une scène est particulièrement digne des Tontons flingueurs, les silencieux en moins. Si les les trois protagonistes – Antoine Aria alias Pepe, Max Malakian – l’agent pourri -, et Clarence Charvel, comédien dans la même agence qu’Antoine, son ennemi de toujours – sont vraiment à se tordre, tous les personnages sont très bien travaillés et même les plus sérieux finissent par devenir comique. Mention spéciale pour Miguel, alias Dernière Image, l’homme de main du regretté Pepe. Bref, si vous voulez passer un bon moment, n’hésitez pas ! Par contre, premier degré s’abstenir !

« Pepe et Maurizio di Marzio quittent le soleil emmerdeur d’une petite allée pour l’ombre d’un bosquet. L’endroit devrait être plus propice à explications que le chemin trop exposé. C’est que les deux comédiens viennent de se faire rejoindre par leur agent. Celui-ci a fait le tour du bâtiment à la vitesse grand V, la rapidité grand R et même la célérité grand C. Ils ont des éclaircissements à lui demander. Quantité d’éclaircissements. Et la demande pourrait se faire avec une générosité de mouvements et des intempestivités physiques que seules des origines italiennes ne pourraient expliquer. D’ailleurs, les intempestivités ne tardent pas à apparaître. Dès son arrivée, Malakian est saisi par le col. Antoine est à deux doigts de le corriger, avec l’approbation participative de son collègue Clarence »

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L’arnaqueur

Bonjour ! Aujourd’hui, je vous entraîne dans un univers un peu décalé, avec un roman noir bourré d’humour paru en février aux éditions du Seuil.

Kasso, Jacky Schwartzmann

Jacky Toudic, qui n’a pas mis les pieds à Besançon depuis des années, doit revenir dans sa ville d’origine afin de s’occuper de sa mère malade d’Alzheimer. Bien vite, il retrouve de vieux amis et doit faire face aux interrogations quant à sa vie, son métier. Pas simple. Parce que Jacky n’a jamais eu de vrai métier. Depuis qu’il a abandonné ses études de philo, il gagne sa croute en se faisant passer pour Mathieu Kassovitz. Jacky est effectivement le sosie parfait du célèbre acteur/réalisateur. Du coup, voilà des années qu’il monte des arnaques très lucratives et vit dans le mensonge. Son retour dans le Doubs pourrait lui permettre de cesser ses combines, de se ranger un peu. Mais très vite, sa rencontre avec Chloé, une avocate aux dents longues qui a vu clair dans son jeu, va bouleverser ses projets…

« Je n’ai pas parcouru vingt mètres que l’accent franc-comtois des piétons que je croise me fait déjà saigner les oreilles. Parce que les gens d’ici n’ont pas la bouche comme ailleurs. Et une fois en ville, je constate que, définitivement, peu de choses ont évolué. […] Les Bisontins me font l’effet de figurants qui décorent et remplissent les rues. Le fou devant la Brioche dorée, qui tend la main droite juste sous son menton, l’avant-bras collé au torse, allure de Didier Super et qui répète « Hé ! T’as pas dix balles ? » : présent. Les vieilles jumelles qui se coiffent et s’habillent de façon parfaitement identique, passent leur vie dans les transports en commun et s’engueulent en permanence : présentes. Tout ça, cette troupe de mauvais intermittents, ce folklore : archi présent. »

J’ai adoré ce roman que j’ai littéralement dévoré. Tout est là pour passer un excellent moment de lecture : de l’humour, des rebondissements, des sentiments… Et puis, cette ville, Besançon, qui est presque un personnage à part entière et que je connais très bien étant franc-comtoise d’origine – ce qui m’a sans doute permis de m’immerger encore plus dans l’histoire. J’avais déjà été conquise par le précédent ouvrage de l’auteur, Demain c’est loin (voir article ici), et je n’ai pas été déçue cette fois. L’idée de départ est loufoque et sort de l’ordinaire et les péripéties burlesques qui en découlent sont savoureuses. Le protagoniste, qui ne cesse de passer à côté de sa vie à force de se faire passer pour un autre, est vraiment attachant et les personnages secondaires hauts en couleur ne sont pas en reste. L’un d’eux d’ailleurs cachera fort bien son jeu. N’hésitez pas une seconde si vous souhaitez vous détendre avec un roman drôle et bien mené. Coup de cœur !

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L’Embaumeuse

Aujourd’hui, je vous présente un des meilleurs romans qui m’ait été donné de lire ces dernières années. Il est sorti aux éditions de La Martinière.

La Pâqueline ou les mémoires d’une mère monstrueuse, Isabelle Duquesnoy

Décidément, 1798 est une bien mauvaise année pour la Pâqueline. Son fils, Victor, vient de faire l’objet d’un procès retentissant et tout le monde la traite depuis comme une pestiférée. Et maintenant, voilà que sa maison brûle ! Une solution s’impose à elle : emménager chez son enfant pendant que ce dernier est en prison. Elle constate à quel point son métier d’embaumeur est lucratif en découvrant le faste du logement. Accompagné de son paon de compagnie, elle s’installe donc dans le bel appartement parisien. Afin d’occuper ses journées, lui vient une idée. Elle va recouvrir les murs de chaque pièce de son histoire, en racontant son enfance et tous les malheurs qui l’ont conduite à accoucher d’un enfant qu’elle a toujours détesté. Elle en profitera aussi pour vendre une bonne partie de ses biens et reprendra d’une manière bien personnelle son entreprise d’embaumement…

« Les mains beurrées par la pâte qu’elle venait de pétrir, Pâqueline sélectionna trois moules à gâteaux : un grand pour régaler son fils, et deux plus petits. Elle trempa l’index dans la préparation, pour en vérifier le goût.

– Trop fade, déclara-t-elle. Et j’ai failli oublier le principal…

D’un geste précis, elle fit sauter le bouchon d’un bocal de miel, puis s’empara d’une cuillère à long manche. Elle repoussa le cadavre du foetus qui flottait à l’intérieur; le petit corps grisâtre ondoya dans le liquide transparent, laissant échapper de son oreille gauche un filet d’humeur rose, semblable au sillon d’un marbre d’Italie. Pâqueline y préleva trois bonnes doses de miel et les versa dans sa pâte ».

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : j’ai adoré. Ce texte est d’une finesse, d’un humour, d’une richesse autant dans le style que dans tout ce qui a trait à cette période de l’histoire que c’est un véritable délice de le lire. Je n’avais pas envie de le terminer. Je l’ai savouré page par page pour en profiter pleinement. L’auteur mêle à la perfection des sentiments aussi différents que la cruauté et la tendresse, des images aussi bien répugnantes que douces. Le texte, d’une extrême érudition, reste très accessible et est une mine d’informations sur la vie à la fin du XVIIIème siècle – sur les maisons closes, les prisons et la profession d’embaumeur en particulier. Quant au personnage principal, la fameuse Pâqueline, elle est si délicieusement odieuse qu’on ne peut que tomber sous le charme. Une totale réussite jusqu’à la dernière ligne. Gros coup de cœur pour ce roman d’une virtuosité rare !

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Envie de voyage…

Aujourd’hui, je vous présente un roman qui va vous mettre le sourire aux lèvres en cette période bien morose et par ce temps particulièrement pluvieux. Il est paru aux éditions Ramsay le 15 septembre dernier.

Et puis un jour on s’en fout et ça fait du bien, Virginie Sarah-Lou

A bientôt 40 ans, Mathilde fait le style de job routinier qu’elle voulait absolument éviter lorsqu’elle était ado : être enfermée dans un bureau à rédiger des courriers, répondre à des mails et au téléphone. Elle, la hippie un peu rebelle qui s’imaginait une vie faite de voyages tous plus exotiques les uns que les autres n’en a jamais effectué un seul. Comme ses collègues dont Chantal, une commère médisante, ses seuls objectifs quotidiens sont les pauses à chaque heure et partir le plus rapidement possible en fin de journée. Côté cœur, c’est le néant entre Frank, son amant depuis deux ans, qu’elle ne supporte plus et le père de ses enfants qui l’aime toujours mais pour lequel elle n’a plus de sentiment. Les seules véritables lumières de sa vie sont le blog de voyage participatif qu’elle a créé quelques années plus tôt et qui lui permet de vivre ses rêves derrière son écran ainsi que ses deux enfants dont elle a la garde une semaine sur deux. Mais les deux ados ne sont pas dupes, ils ne suffisent pas à rendre leur mère heureuse. Mathilde commence à se rendre à l’évidence qu’elle est passée à côté de ses rêves de jeunesse, qu’il est trop tard pour y remédier et que l’homme idéal n’existe sans doute pas. Jusqu’au jour où elle trouve le message d’un inconnu sur son blog…

« Je dirige mon regard vers l’horloge du bureau. 9h45. C’est-à-dire que la précédente a été à 8h45. Oui, ici, on arrive et on commence par une pause, c’est un principe de précaution. Il ne faudrait pas risquer une torsion du cerveau si on ne l’a pas chauffé pour démarrer la journée. Et si on parvient à en faire une par heure, c’est encore mieux. Avantage : pas de stress au travail. Inconvénient : pas de stress au travail. Ben oui, ça marcha dans les deux sens. »

Virginie Sarah-Lou nous offre ici un roman feel-good efficace qui met le sourire aux lèvres grâce à des pages qui mêlent habilement humour et émotions. Côté intrigue, on va être clair, rien de neuf sous le soleil. Une trentenaire n’est pas heureuse dans sa vie et regrette d’être passée à côté de ses rêves. Un inconnu débarque subitement et va entraîner des changements dans sa morne existence. Mais je dois bien avouer que même en connaissant chacune des ficelles, même en s’attendant à chacun des rebondissements, j’ai pris du plaisir à lire ce roman, surtout dans l’ambiance morose actuelle. La lectrice – parce que les femmes sont le principal lectorat ciblé – s’identifie aisément à la narratrice qui occupe un emploi basique, qui a un physique banal et mène des activités ordinaires. On est loin de la superwoman, c’est rassurant et c’est pour cela que ça fonctionne. Côté style, les critères du genre sont respectés avec des chapitres ultra-courts qui se terminent souvent par une accroche qui donne envie d’enchaîner tout de suite avec le suivant. Au début, nous avons seulement le point de vue de la narratrice. Celui-ci alternera peu à peu avec celui de l’inconnu puis avec ceux de personnages plus secondaires. Enfin, les « leçons » à tirer sont elles aussi bien connues : lâcher prise, vivre ses rêves, ne pas toujours faire ce que les autres semblent attendre de nous, ne jamais juger trop vite les gens avant de les connaître réellement. Pour conclure, voilà un roman bien ficelé qui permet de passer un bon moment. Idéal pour se remonter le moral par temps pluvieux !

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La vieille qu’il ne fallait pas embêter

Bonjour ! Je passe sur un registre humoristique et ça fait du bien pendant les vacances. J’en profite pour remercier chaleureusement l’amie qui m’a offert ce livre que vous pourrez vous procurer dans son format poche chez Folio.

La douce empoisonneuse, Arto Paasilinna

la-douce-empoisonneuseLinnea est une vieille dame, veuve d’un colonel, qui pourrait couler des jours paisibles dans sa jolie métairie aux abords d’Helsinki à s’occuper de son jardin et de son chat. Pourtant, chaque mois, elle voit son existence devenir un enfer avec l’arrivée de son neveu flanqué de ses deux amis. Les trois énergumènes prennent plaisir à venir détrousser la vieille femme dès qu’elle touche sa pension et en profite pour tout saccager sur leur passage. Le jour où ils réclament qu’elle signe un testament en leur faveur, c’en est trop. Linnea prévient la police, s’enfuit chez son vieil ami, un médecin vivant à Helsinki, et est bien décider à en finir avant qu’ils ne lui mettent la main dessus. Elle se lance dans des préparatifs pour concocter de dangereux poisons qui lui permettrait de mettre fin à ses jours avant que les trois vauriens ne s’en prennent à elle. L’activité lui redonne le sourire jusqu’à ce qu’elle soit victime d’un enlèvement qui ne se déroulera pas vraiment comme prévu…

« Concocter une mixture mortelle pourrait aussi être une activité beaucoup plus passionnante que le macramé ou la peinture sur porcelaine. Dans sa situation, cela semblait être un passe-temps fort utile, malgré son aspect peut-être un peu lugubre ».

J’avais adoré Petits suicides entre amis du même auteur et je retrouve avec plaisir son humour noir corrosif avec les rocambolesques aventures de cette frêle colonelle qui n’a pas froid aux yeux. La mort est en effet ici encore le centre du roman sans pour autant que l’intrigue ne vire au glauque, bien au contraire. J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture qui m’a emmenée en Finlande pour suivre les péripéties d’une petite vieille pas comme les autres, au caractère bien trempé tout en restant d’une grande féminité et très délicate. La loufoquerie est au rendez-vous et chaque chapitre ou presque offre son lot de rebondissements plein de drôlerie. L’auteur sait soigner les détails en apportant une touche d’humour dans les plus minuscules aspects du quotidien. Bref, c’est un véritable bonheur que ce roman intelligent et drôle. Il me reste un volume de Paasilinna sous le coude, ça tombe bien ! J’ai déjà hâte ! Coup de cœur !

 

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Tous pour un !

Je vous apporte un peu de légèreté pour aborder cet été 2020 avec le sourire grâce à ce roman récemment paru chez Robert Laffont.

Ces petits riens qui nous animent, Claire Norton

9782221247112oriAude vient de passer la quarantaine lorsque sa vie bien rangée bascule. Voilà des années qu’elle est mariée à Xavier avec lequel elle est associée. Trop concentrés sur leur réussite professionnelle, ils n’ont jamais pris le temps d’avoir un enfant, et leur couple a traversé les années, bercé par la routine. Un jour, en rentrant récupérer un dossier chez eux, Aude surprend son mari au lit avec une jeune collègue. Dévastée, elle perd toute estime d’elle-même. L’errance qui suit cette découverte la conduit au parc des Buttes-Chaumont. C’est là qu’elle découvre une adolescente sur le point de sauter d’un pont. Deux jeunes hommes assistent aussi à la scène. Alexandre qui doit choisir entre l’amour de sa vie, Dimitri, ou son père qui réprouve son attirance pour les hommes, et Nicolas qui s’inquiète que son frère ait annulé leur rendez-vous. Afin de sauver Charlène, ils vont lui promettre de l’aider à accomplir sa quête. Ces quatre-là ne se connaissent pas encore mais s’apprêtent à vivre une grande aventure ensemble et nul doute que leur vie en sera profondément bouleversée…

« Alexandre, Aude et Charlène remontaient côte à côte l’allée de la Cascade et Nicolas, à la traîne, fermait la marche. S’être engagé dans une telle promesse était une folie. […] Existait-il une autre option ? Ils s’étaient trouvés là par hasard, unis par la seule nécessité d’empêcher à tout prix cette gamine de sauter. Il soupira. Peut-être que cette rencontre étrange et improbable n’était en fait pas un hasard… »

Dès les premières pages, Claire Norton entraîne son lecteur dans cette folle aventure qui va réunir des êtres que, a priori, tout semble opposer. Les personnages sont attachants avec leurs qualités, leurs tocs et leurs défauts, chacun portant les blessures d’un passé plus ou moins proche. Les pages se tournent s’en qu’on l’on y prenne garde tant le rythme est soutenu aussi bien grâce aux rebondissements de l’intrigue qu’à l’humour et à la narration pluri-focale qui permet de nous donner à chaque instant le point de vue de tous les protagonistes. L’autrice nous offre donc un vrai roman choral qui porte haut les valeurs de l’amitié. Mais davantage que cela, ce livre nous montre que rien n’est jamais totalement écrit dans la vie, que même lorsque pense que l’on est incapable de changer, englué dans un quotidien certes monotone mais rassurant, on peut choisir de sortir du moule et de mener son existence telle qu’on la souhaite vraiment.  Seuls bémols pour moi, des dialogues peut-être parfois un peu trop écrits et un dénouement auquel je m’attendais dès le deuxième chapitre mais qui ne pas empêcher de profiter de la lecture. Vous l’aurez compris, tous les codes du roman feel good sont réunis pour que vous passiez un moment agréable. Si vous cherchez un roman pour vous détendre cet été, celui-ci sera parfait !

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Vamos a la playa !

Bonjour ! Le soleil n’est plus très au rendez-vous ses derniers mais je vais essayer de le faire revenir avec le roman du jour ! Aujourd’hui, je vous propose une lecture rafraîchissante qui vous conduira jusqu’au Brésil… A découvrir chez Hugo Roman.

Tropical Palace, Alicia Werner

41bqe18zxpl._sy346_Jill est chef de réception d’un palace parisien, le Royal Breteuil. C’est le poste dont elle a toujours rêvé et l’obtenir à 28 ans à peine était inespéré. Oui mais voilà, depuis qu’elle occupe cette fonction, sa vie personnelle est quasiment réduite à néant. A peine le temps de retrouver ses copines pour dîner une fois par semaines et de se rendre aux répétitions de son groupe de rock. Niveau sentimental, c’est le désert. Jusque là, elle s’en accommodait car elle s’éclatait au boulot, mais depuis quelques temps, le moral n’est plus vraiment là. Les caprices aussi démesurés qu’incessants des riches clients de l’hôtel commencent à plus que l’agacer et le manque de considération de ses supérieurs ne vient pas arranger les choses. La crise mystique de sa mère, aussi amusante soit-elle, n’est pas là non plus pour la rassurer sur l’avenir. Il est grand temps pour elle de faire un break ! Ce sera bientôt chose faite grâce à ses copines Emma et Nour qui vont organiser un petit voyage au Brésil entre amie. De quoi déconnecter et, pourquoi pas, trouver l’amour…

« Il m’a fallu tenir compagnie à la Devallon-Bailly jusqu’à son coucher. Son mari s’est absenté seulement pendant le temps d’un dîner d’affaires mais, visiblement, la perspective de rester seule pendant trois heures a paru insurmontable à la Suissesse. […] Après l’avoir laissée étendue sur son lit en pyjama de soie crème, un masque de nuit sur les yeux, ses chiens endormis de part et d’autre de son oreiller, j’ai enfin eu le droit de retourner aux miettes de ma vie privée. »

Je me suis totalement laissée porter par ce roman qui tient ses promesses : nous divertir et nous donner le sourire. On s’attache très rapidement à la protagoniste, une jeune parisienne déjà au bout du rouleau malgré son jeune âge. En quête de sens dans sa vie professionnelle aussi bien que dans sa vie personnelle, Jill est une jeune femme comme les autres et c’est pour cela que l’on peut s’identifier facilement à elle. Nous avons ici tous les ingrédients du roman feel good avec la volonté de changer de vie, de la romance, de l’humour, une dose de développement personnel, le dépaysement dans un endroit paradisiaque et des chapitres très courts qui permettent une lecture fluide. Une chose est sûre, le cocktail fonctionne à merveille et nul doute que ce roman trouvera sa place dans votre sac de plage cet été !

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Le gang des retraités

Bonjour ! Aujourd’hui, je vous présente un roman « feel good », histoire de vous donner le moral pour attaquer, je l’espère, la dernière ligne droite du confinement. Merci à Cécile pour ce cadeau. Ce roman est paru en début d’année chez Fayard.

Quand nos souvenirs viendront danser, Virginie Grimaldi

41jvqmk4irl._sx314_bo1204203200_Marceline et son mari Anatole ont emménagé impasse des Colibris il y a plus de soixante ans. Ils avaient tout juste vingt ans et la vie devant eux. Leur existence s’est écoulée aux côtés de celle de leurs voisins. Des joies et des peines, des enfants qui naissent, jouent ensemble puis s’en vont, parfois sans plus donner de nouvelles. Les six derniers habitants de l’impasse ont plus de quatre-vingt ans. Proches dans leur jeunesse, ils se sont peu à peu séparés, au fur que les haies et les broutilles poussaient entre les habitations. Mais les octogénaires vont bientôt devoir se rapprocher. En effet, le maire de la commune – qui est né et a grandi dans l’impasse – veut faire raser les maisons pour construire une nouvelle école. Pas questions pour nos retraités de se faire éjecter. Ils sont bien décidés à mener la guerre pour terminer leurs jours tranquillement chez eux. Ni une ni deux, malgré de vieilles dissensions, le groupe des Octogéniaux est formé et prêt à passer à l’attaque.

« […] chacun a dû réfléchir à un moyen efficace de faire céder la mairie. Les membres du groupe étant des personnes mesurées et raisonnables, les idées le sont tout autant. Gustave propose une petite grève de la faim. Joséphine veut juste monter en haut d’une grue. Rosalie envisage tout simplement de séquestrer le maire. Marius, sensible, préfère enlever les enfants du maire. Je me tourne vers Anatole en quête de réconfort. L’œil pétillant, mon cher époux propose d’investir le plateau d’une émission télévisée en direct. J’ajoute mentalement du cyanure à la liste des courses. Rosalie, qui a manifestement confondu son rouge à lèvres avec sa brosse à dents, me demande si j’ai une idée. Tous les regards convergent vers moi. Je songe à proposer un suicide collectif, mais ils sont capables d’approuver. »

C’est la première fois que je lis cette autrice et je n’ai pas été déçue. Je ne suis pas une grande adepte de littérature « feel good » mais de temps en temps, quand c’est bien écrit, c’est plaisant. Et en ces temps anxiogènes, ce livre tombait à pic. J’ai passé un très bon moment de lecture. J’ai dévoré ce roman en moins de trois jours ce qui est un véritable exploit pour moi ! Les personnages sont attachants et la construction narrative efficace avec l’alternance entre des chapitres narrant le temps présent et ceux revenant sur le passé de la narratrice, Marceline. Au fur et à mesure, on comprend comment les liens se sont faits puis défaits entre ces voisins et comment la protagoniste est passée d’une jeune fille timide et soumise à son époux à une femme épanouie n’ayant pas sa langue dans sa poche. Outre le récit d’un combat pour faire respecter le souvenir de chacun, ce roman est celui d’une grande histoire d’amour entre la narratrice et son mari. Émotion et humour cohabitent parfaitement et Grimaldi prouve que le temps qui passe n’est pas forcément signe de déclin. Ce livre est une ode à l’amitié et à la vie. Si vous recherchez une lecture douce qui vous donne le sourire, n’hésitez pas !

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L’empereur contre-attaque !

Bonjour à tous ! C’est avec plaisir que je vous propose aujourd’hui une bonne dose d’humour et de rigolade avec ce roman à prendre au trente-sixième degré ! Si vous aviez aimé L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, alors vous allez adorer combattre les djihadistes avec ce bon vieux Napy !

Re-Vive l’Empereur !, Romain Puértolas

9782253069522-001-tLe commandant d’un chalutier norvégien chargé de pêcher pour la célèbre marque de bâtonnets de poissons panés Findus n’en revient pas. Pas commun en effet de prendre dans ses filets deux énormes caisses en bois contenant un homme et un cheval ! Voilà qu’au milieu des cabillauds se trouvent Napoléon et son fidèle destrier bien conservés par les eaux glaciales islandaises. Remis du choc, le pêcheur contacte le professeur Bartoli, président de la CGT – Confédération des Grognards Tristes, à ne pas confondre avec le syndicat. Le norvégien doit accompagner l’empereur à Paris où il retrouvera le corse chargé de le ramener sur son île natale afin qu’il puisse profiter d’une retraite bien méritée. Evidemment, rien ne va se dérouler comme prévu.

Bonaparte se trouve confronté au XXIème siècle de plein fouet. Heureusement, comme il est un homme intelligent, il comprend rapidement les évolutions de la société. Très vite, il prend connaissance d’un drame qui vient de frapper ses compatriotes. Un attentat vient d’être commis au journal L’Echo des Charlots. Quatorze caricaturistes ont été sauvagement assassinés par des djihadistes. Bartoli l’instruit de la terrible problématique islamiste et de la terreur qui règne depuis plusieurs années dans tous les pays occidentaux. Ni une ni deux, Napoléon décide de partir en guerre contre Al-Qaïda, du moins contre son chef, Mohamed Mohamed, dit l’Ours de Mossoul. Vont s’en suivre de nombreuses et loufoques péripéties de la constitution d’une nouvelle petite grande armée en passant par la recherche de ses descendants et le plan de bataille visant à détruire l’Etat Islamique sans faire de morts. Autant dire que le plus grand chef des armées que la France ait connu n’est pas prêt de se la couler douce sur son île de beauté !

C’est avec joie que j’avais découvert la présence de Romain Puértolas au salon Livres en Vignes à Vougeot en septembre dernier. Pas vraiment le temps de discuter avec l’auteur en raison de la foule et d’un petit garçon qui s’impatientait dans le porte-bébé mais juste assez pour m’offrir ce livre de poche et une petite dédicace. Autant vous le dire tout de suite, il faut aimer le second degré et accepter directement les codes de ce roman totalement loufoque c’est-à-dire ne pas se poser de question quant à la probabilité du retour de Napoléon dans notre époque contemporaine. Il faut aimer aussi se moquer de tout parce que tout le monde en prend pour son grade : Hollande, Sarko, les gens qui marchent dans la rue les yeux fixés sur leur portable, les gros riches, les psys, les gros, les fous, les catholiques et surtout les islamistes, entre autres ! L’auteur nous offre un regard totalement décalé mais extrêmement juste sur notre société, nous offre à réfléchir sur notre mode de vie, sur notre façon d’être, nos engagements au quotidien et sur la force parfois insoupçonnée qui réside en chacun de nous. On pourrait appliquer la célèbre maxime de Molière, « castigat ridendo mores », à ce roman qui utilise le rire comme arme contre la bêtise humaine. Je ne regrette pas une seconde d’avoir porté mon choix sur ce roman bourré d’humour, de références à notre vie contemporaine et qui mêle sérieux et drôlerie à la perfection. Pour couronner le tout, les chapitres courts s’enchaînent à une vitesse folle et l’on apprend pas mal de détails sur le vie de Napoléon et que l’on soit amateur de l’homme ou pas, c’est très intéressant. Bref, coup de cœur pour ce roman disponible en livre de poche.