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Homo homini lupus est

Bonjour ! C’est avec grand plaisir que je retrouve les aventures post-apocalyptiques de Lou dans ce deuxième tome qui vient de paraître aux éditions Syros. (Chronique du tome 1 ICI)

Lou après tout – La communauté, Jérôme Leroy

9782748526448Nous retrouvons Lou en bien mauvaise posture, seule, le moral au plus bas, décidée à se laisser mourir sur la plage où Guillaume lui avait appris à nager quelques années plus tôt. Lassée de cette existence faite de lutte incessante pour rester en vie, pour ne pas se faire dévorer par les Bougeurs ou les Cybs, pour trouver de quoi se nourrir, pour échapper aux hommes parfois pires que les Entre-Deux, la jeune femme n’a plus envie de se battre.

Pourtant, des rencontres inattendues vont la pousser à ne pas totalement baisser les bras. Une petite fille qu’elle prendra sous son aile, comme Guillaume l’avait fait pour elle, et un jeune homme, Amir, qui ne la laisse pas indifférente. Pour eux, elle s’installera chez les Wims, une communauté prônant la fraternité, gouvernée de main de fer par le Délégué. Avec l’espoir d’un futur plus paisible, Lou va baisser la garde… Elle le savait pourtant, c’est impossible quand le danger rôde partout…

J’ai retrouvé dans ce deuxième tome tout ce qui faisait la force du premier : un rythme soutenu qui fait qu’on a envie d’enchaîner les chapitres, de l’action (les Bougeurs et les Cybs sont plus nombreux que jamais mais les hommes ne sont pas en reste), un personnage principal en proie à des sentiments divers. Comme dans le tome précédent, ce n’est pas spécialement le début – principalement axé sur l’action – qui m’a convaincue. J’ai davantage apprécié la seconde partie, centrée sur la communauté de Wims, qui donne à réfléchir sur les comportements humains complexes. De la même façon, j’ai apprécié les flash-back sur la vie avant le Grand Effondrement, vision catastrophique hyper-réaliste de ce que pourrait être notre futur si rien n’est fait rapidement pour sauver la planète et si le repli sur soi communautaire et les pouvoirs autoritaires continuent à prendre de l’ampleur. Bref, un roman d’action qui donne à réfléchir, destinés aux ados à partir de 14 ans et à leurs parents !

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Qui veut la carotte ?

Aujourd’hui, je suis heureuse de vous présenter un joli album destiné aux très jeunes lecteurs, qui sortira ce jeudi 24 octobre aux éditions HongFei

Croc Croc la carotte, Yiqun Fang/ Véronique Massenot et Clémence Pollet

C’est l’hiver, il neige, il fait froid et Petit lapin a faim. A la quête de nourriture, il trouve deux belles carottes, mais une seule lui suffit pour son dîner. Du coup, il décide de l’apporter à son ami Petit singe. Mais Petit singe n’est pas chez lui. Alors Petit lapin décide de déposer la carotte sur sa table pour qu’il la trouve à son retour. Mais voilà, Petit singe a trouvé trois cacahuètes qui lui ont suffi pour repas. A qui va-t-il pouvoir offrir la carotte ?

croc-croc-la-carotte

Cette histoire de carotte qui circule d’ami en ami pour retourner à Petit lapin à la fin permettra aux parents d’aborder les notions d’amitié, de partage et de générosité avec les plus jeunes enfants. Le texte simple repose sur la répétition ce qui facilite la compréhension de l’histoire par les tout-petits et les amuse. Les illustrations épurées, aux teintes apaisantes dans un format à l’italienne s’adaptent parfaitement à l’œil des jeunes lecteurs. En tout cas, mon petit Jules de un an a adoré ! Une bien jolie façon de découvrir ce conte chinois.

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Résurrection

En ces temps de remises de prix littéraires, on entend souvent parler des grandes maisons d’éditions. Je trouve très dommage que d’autres ne soient pas davantage mises en lumière car la richesse des textes qu’elles proposent valent largement les plus hautes récompenses. C’est le cas de la maison Au Diable Vauvert, qui propose un panel d’œuvres d’une grande diversité mais surtout d’une incroyable qualité. Et ce n’est pas le roman que je vais vous présenter aujourd’hui qui me fera dire le contraire !

C’est beau, la guerre ! Youssouf Amine Elalamy

006930841Après avoir assisté aux horreurs de la guerre dévastant son pays, un jeune comédien s’enfuit et embarque sur un navire de fortune pour l’Europe. A l’arrivée, il est placé avec les autres migrants dans un centre de réfugiés. C’est là qu’il proposera ses services : « réparer les vivants » en incarnant le rôle des disparus.

Ce texte est tout simplement bouleversant. L’auteur parvient à décrire l’horreur avec un réalisme poétique incroyable. Moi qui ne suis pas une adepte des longues descriptions, je me suis laissée entraîner dans celles de Youssouf Amine Elalamy avec grand plaisir. Le texte est violent, il transperce le cœur de ses images aussi sublimes qu’assassines. Mais au-delà de la violence de la guerre, l’auteur livre une véritable ode à l’humanité et à la paix. Grâce au regard porté sur une pléiade de personnages dont on découvre l’intimité, les sentiments et le parcours de vie, l’auteur rend hommage aux migrants et à toutes ces vies brisées. Enfin, en ne situant pas précisément son récit, ni dans le temps, ni dans l’espace, ce roman prend une dimension d’universalité qui dit tous les exils. Une pépite ! A découvrir en librairie à partir du 17 octobre.

Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer un extrait :

« Ma ville. Bombardée, détruite, incendiée, rasée. Ma ville, atteinte d’une étrange maladie qui, jour après jour, s’en prenait à son corps, l’attaquait et le brûlait jusqu’à n’en laisser que des ruines. Ma ville ne ressemblait plus à ma ville; on aurait dit un château de sable piétiné par une horde d’enfants. Toute chose a une couleur et la guerre c’est tout gris.Au premier coup de feu, les couleurs s’envolent et se dispersent d’un coup comme des oiseaux que l’on aurait fait fuir avec le bruit. Et même quand le ciel brûle et que le sang coule, la guerre c’est tout gris. D’un gris qui, tout comme les cendres, garde en lui le souvenir du feu. »

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Le club des trois

Au programme aujourd’hui, de la littérature jeunesse et de la science avec ces trois romans qui se déroulent dans des musées d’histoire naturelle. A découvrir aux éditions Plume de carotte !

Enquêtes au Muséum, Laurence Talairach

9782366721225-475x500-1Zoé, son petit frère Clarence et leur amie Alice aiment jouer les détectives dans les musées. Les petits aventuriers traversent même la Manche dans L’énigme de la patte de chat pour enquêter dans le muséum d’Oxford et se confronter au cas mystérieux du célèbre dodo.

Les jeunes lecteurs à partir de 8 ans apprécieront les aventures de ces trois enfants qui n’ont pas froid aux yeux et ont soif de savoirs. En tant que parent et enseignante, je trouve que cette collection est vraiment très intéressante pour intéresser les enfants aux sciences naturelles et à développer leur curiosité. Les romans sont très bien documentés, chaque récit se passe dans un vrai musée d’histoire naturelle et la série se fait d’ailleurs en association avec les muséums de France. A la fin de chaque ouvrage, on retrouve des notes explicatives concernant les scientifiques ou les thèmes dont il est question dans le roman. De petits livres qui allient le plaisir de l’aventure et l’enrichissement des connaissances (même pour les adultes d’ailleurs !). N’hésitez pas ! J’ai pour ma part découvert trois aventures : L’énigme de la patte de chat, La malédiction du gecko et Le monstre marin.

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De l’autre côté de la rivière

Aujourd’hui, je m’adresse aux parents de jeunes enfants ou aux professeurs de maternelle avec la réécriture moderne d’un célèbre conte qui sortira en librairie le 17 octobre aux éditions Syros.

Boucle Rousse et les trois ours, Debora Di Gillio et Fabienne Morel, illustrations Rémi Saillard

thumbnail (1)Voilà des décennies que les Ours et les Renards ne se parlent plus et se détestent même carrément. Pour quelle raison ? Cela fait tellement longtemps qu’ils n’en savent plus rien. La seule chose qu’ils savent, c’est qu’ils ne s’aiment pas. Mais Boucle Rousse, une jolie petite renarde, est amoureuse de Petit Ours à qui elle envoie des baisers tous les soirs par dessus la rivière qui les sépare. Un jour, alors que tous les Ours partent manifester pour la sauvegarde des abeilles, la petite renarde décide de traverser la rivière à la nage malgré l’interdiction. Dès son arrivée sur l’autre rive, elle se rend chez Petit Ours et découvre son univers…

Les autrices et conteuses nous offrent ici une très jolie réécriture du célèbre conte de Boucle d’Or de Robert Southey. L’humour est omniprésent et les plus jeunes apprécieront les illustrations très colorées (mon petit lecteur de un an aime beaucoup). Le disque avec la lecture en musique est une réussite également et il est très plaisant d’écouter les intonations italiennes d’une des autrices. Avec beaucoup de fantaisie, vous pourrez aborder avec vos enfants des thèmes comme l’écologie, l’acceptation de la différence, la liberté et la paix. Pour les plus petits, cet album est parfait pour l’apprentissage des différentes tailles (petit, moyen, grand) et vous pourrez même les initier à la langue italienne.

Humour·nouveauté·Polar·policier·Roman

France très profonde

Aujourd’hui sort ce bon polar bourré d’humour noir aux éditions du Seuil.

Ah, les braves gens !, Franz Bartelt

ah-les-braves-gensQuand Julius Dump, écrivain de son état, arrive à Puffigny au volant d’une vieille cadillac jaune citron, il ne s’attend pas à ce que ce bled très paumé où il ne se passe jamais rien recèle autant de mystères. Alors qu’il est à la recherche d’un tableau jadis volé par son père et un certain Nadereau qui l’aurait conservé et se cacherait dans le petit village, notre protagoniste découvre éberlué les habitants hauts en couleur, aux mœurs plus ou moins étranges. Très rapidement, il engage Helnoute Ballo pour l’aider dans sa quête. Mais dans ce patelin perdu où les gens sont connus pour être plus menteurs les uns que les autres, pas simple de trouver une piste valable.

Ce polar énigmatique est une petite pépite d’humour noir, grinçant à souhait, porté par des personnages bien gratinés. Par certains aspects, Puffigny m’a rappelé le villâge de L’Arrache-cœur de Boris Vian, avec sa célèbre foire aux vieux. A Puffigny, rien ne se passe comme ailleurs et du coup c’est le cadre parfait pour écrire un roman. C’est justement ce que va faire notre personnage principal. Et hop ! Une jolie mise en abîme ! Si vous cherchez un roman qui sort un peu de l’ordinaire, avoir le sourire aux lèvres pendant près de 300 pages, n’hésitez pas !